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The Yvonne Rainer Project : Lives of Performers

Yvonne Rainer, Pauline Boudry / Renate Lorenz, Julien Crépieux, Yael Davids, Carole Douillard, Maria Loboda, Mai-Thu Perret, Émilie Pitoiset, Noé Soulier

exposition

Commissaires : Julie Pellegrin et Chantal Pontbriand
 

Figure centrale de l’histoire de la danse contemporaine et du cinéma expérimental, Yvonne Rainer exerce une influence majeure sur les artistes des nouvelles générations qui s’intéressent au potentiel de l’image en mouvement, ou encore au potentiel humain et à la relation à l’autre.

« The Yvonne Rainer Project », qui se décline en plusieurs volets à Paris cet automne (The Yvonne Rainer Project : De la chorégraphie au cinéma au Jeu de Paume, et The Yvonne Rainer Project : Nexus Rainer au Palais de Tokyo), examine la transition « courageuse » d’Yvonne Rainer de la chorégraphie au cinéma, et les enjeux esthétiques et politiques auxquels elle s’est confrontée. Son œuvre explore l’équilibre entre la vie privée et la sphère publique. Elle traite de questions de connectivité humaine dans un moment de changements sociaux radicaux. Après avoir exploré des idées révolutionnaires par rapport à la chorégraphie, elle s’est attachée à les appliquer au cinéma.

 

L’exposition « Lives of Performers » au Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson s’articule autour de la réception du travail de Rainer à l’heure actuelle, par des artistes visuels dont les médiums sont l’installation, la vidéo ou la photographie, et par des chorégraphes et performeurs. Parmi eux, certains sont plus conscients que d’autres de l’héritage de Rainer, mais tous abordent des problématiques que l’on retrouve dans son travail, et qui se sont avérées novatrices par rapport aux enjeux contemporains : la présence, l’autre, l’idée de communauté, le genre, la dramaturgie, le rôle de l’art, la perception et le processus d’acquisition du savoir. Ce dernier point est fondamental pour toute cette génération d’artistes américains qui, dans les années soixante, fréquentent l’université et réfléchissent à la manière dont le savoir se développe et s’acquiert, en particulier ceux qui ont été à l’origine de l’art conceptuel et de l’art minimal, de la musique et du cinéma expérimentaux. Proche des questions esthétiques soulevées par ces derniers, Rainer intitule une de ses pièces majeures  The Mind is a Muscle (1966-68). Dans un texte du même titre, elle expose la manière dont le corps permet l’acquisition de connaissances et dont l’esprit lui-même se fait muscle. À cette pièce, elle intègre Trio A (1966), un solo qu’elle travaille pendant des mois pour elle-même. Elle y inventorie les possibilités du mouvement corporel dans un flux continu, explorant l’énergie, le phrasé, la répétition. Depuis, ce solo a connu depuis de nombreuses variations, dont Trio A with Flags (1970) dans le contexte de la guerre du Vietnam, ou plus récemment Trio A: Geriatric with Talking (2010) qu’elle a dansé elle-même lors d’un hommage au Judson Dance Theater dont elle a été l’un des principaux protagonistes. Dans Trio A, Rainer fait face aux spectateurs, mais son regard ne cherche pas à communiquer avec eux. Il demeure « neutre », une donnée essentielle de son esthétique. Elle s’intéresse à la question de la présence : que signifie être là, dans le moment présent et que signifie être là en présence de l’autre, des autres ?

 

Lives of Performers, qui donne son titre à l’exposition, est son premier long-métrage réalisé en 1972. Elle y reprend des passages de Performance, la pièce qu’elle répète au même moment. Ce qui l’intéresse plus que la représentation, ce sont ces moments de répétition. Les instants de latence, de questionnement, la différence entre ce que l’on fait et ce que l’on est, entre ce qu’on perçoit et ce qui est perçu par l’autre, les interférences entre le quotidien et le travail. Son regard observe constamment les écarts entre le réel et la représentation. Mais aussi, à la manière de John Cage, véritable figure tutélaire, elle laisse jouer le réel, l’environnement, l’imprévu. Son travail fait parfois directement référence à la situation politique, comme la guerre du Vietnam, ou à la maladie, le sexe, et à toutes les questions fondamentales à la vie commune. Il est traversé par des renvois à l’histoire de la danse ou du cinéma, et par une réflexion constante sur ce que représente le fait de faire de l’art, et ce dans l’ici-et-maintenant.

 

Ce sont ces questions qui habitent l’exposition « Lives of Performers ». Émilie Pitoiset travaille l’écriture de l’absence à travers des rituels complexes et la fossilisation d’un ensemble de gestes. Julien Crépieux joue avec la perception du spectateur et la capacité du mouvement à construire/déconstruire un espace. Yael Davids crée avec des matériaux simples une dramaturgie où agencements, déclinaisons et répétitions suscitent des situations d’agentivité, soit comment une personne peut intervenir sur les autres et le monde à l’aune de ses propres expériences. Mai-Thu Perret sonde l’univers féminin à travers des dispositifs multiples évoquant une politique du corps et du mouvement (ici avec des références aux danses shamaniques coréennes). Carole Douillard explore la latence, masculine en l’occurrence, inspirée par son séjour dans le pays de ses racines, l’Algérie ; l’attente devient ici abstraite et iconique pour interroger le moment politique. Maria Loboda explore des figures héraldiques à travers des photographies où un personnage masculin, ganté de noir, effectue différents gestes issus de la danse indienne (qui avait d’ailleurs marqué Rainer lors de son voyage en Inde en 1970). Une lionne apparaît « en pénitence », tournant le dos au spectateur. Un sentiment d’inquiétude survient ; quelque chose ne tourne pas rond dans le monde. Pauline Boudry et Renate Lorenz interrogent la marginalité et la normativité dans l’histoire et l’actualité à travers différents médiums. Elles mettent en scène Yvonne Rainer dans un rôle de transmission. Enfin, Noé Soulier présente un solo chorégraphié où il s’intéresse aux rapports entre le mot et le geste, en évoquant les grandes figures de la danse qui lui ont permis de comprendre ce que sont un corps et une pensée en mouvement. « The mind is a muscle ».

 

 

L’exposition est réalisée en collaboration avec Pontbriand W.O.R.K.S  et le Jeu de Paume, avec le concours du Getty Research Institute et des Laboratoires d’Aubervilliers, avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture et de Mondriaan Fonds.

          

OUVERTURE

Vernissage-brunch

sam 25 oct à 12h

navette sur réservation au 01 64 62 77 77

départ Opéra Bastille à 11h30 / retour Bastille et FIAC à 14h30


 

PERFORMANCES

sam 25 oct de 12h à 16h

Carole Douillard / The Waiting Room

 

sam 29 nov

17h30 / Yael Davids / A Variation on A Reading that Writes

18h30 / Émilie Pitoiset & Jessica 93 / You will see the cat before you leave

 

dim 8 fév

Noé Soulier / Mouvement sur mouvement

dans le cadre du week-end danse « Instantanés »


 

AGENDA DU YVONNE RAINER PROJECT

sam 29 nov

Parcours croisé

Centre Photographique d’Île-de-France > Ferme du Buisson

navette sur réservation au 01 70 05 49 80

14h15 départ de Paris, Opéra Bastille

15h laboratoire de discussion avec Pascal Beausse, Mohamed Bourouissa, I-Chen Kuo, Paola Soave (Agency), Chantal Pontbriand et Nathalie Giraudeau, modératrice, autour de l’exposition « La Photographie performe - The Body and the Archive » au CPIF

17h30 performances de Yael Davids puis de Émilie Pitoiset & Jessica 93 au Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson

 

4 – 30 novembre

Jeu de Paume, « De la chorégraphie au cinéma »

Cycle de projections et conférences programmés par Chantal Pontbriand

avec Yvonne Rainer, Yael Bartana, Samuel Beckett, Geneviève Cadieux, John Cage, Manon de Boer, Maya Deren, Köken Ergun, Maïder Fortuné, Hollis Frampton, Michel François, Laurent Goldring, Marc Johnson, Sonia Khurana, Florence Lazar, Babette Mangolte, Bea McMahon, Bruce Nauman, Natacha Nisic, Lili Reynaud-Dewar, Anri Sala, Richard Serra, Michael Snow, Andy Warhol.

 

jeudi 6 nov à 18h

Discussion entre Yvonne Rainer et Chantal Pontbriand

École nationale supérieure des Beaux-Arts

 

ven 12 déc, de 13h à 20h

Palais de Tokyo, « Nexus Rainer »

Colloque organisé par Barbara Formis, Julie Perrin et Chantal Pontbriand

avec Emmanuel Alloa, Frédérique Bergholz, Vanessa Desclaux, Pauline Boudry, Myrto Katsiki, Isabelle Launay, Julie Pellegrin, Denis Pernet, Catherine Queloz, Noé Soulier, Liliane Schneiter, David Zerbib

infos pratiques

horaires

du mer au dim, de 14h à 19h30

nocturnes jusqu’à 21h : 6, 7, 15 novembre / 20, 21, 22, 23 janvier / 7 février

 

tarifs

entrée libre

 

visites

tous les samedis à 16h

expos-goûters les dimanches 2 novembre, 7 décembre, 4 janvier et le 1er février à 16h

 

groupes

sur réservation : 01 64 62 77 00 / rp@lafermedubuisson.com