De la maison des morts

Pour mettre en scène l’ultime opéra de Janáček, De la maison des morts, Frank Castorf mélange réalisme et onirisme pour souligner l’horreur de la vie des détenus d’un camp de concentration soviétique.

Adaptant le roman de Dostoïevski (inspiré de ses années d’incarcération dans un bagne sibérien), le compositeur tchèque Leoš Janáček signe une partition sauvage et désabusée pour exprimer la vie de détenus d’un camp concentrationnaire soviétique. Janáček dépeint la souffrance anonyme et quotidienne, mais aussi les bribes du passé de personnages anti-héroïques qui reviennent à la vie le temps d’un jeu ou d’un récit.

Sur cette toile de fond qui fait se côtoyer la solidarité empathique des prisonniers et la brutalité des autorités carcérales, le metteur en scène Frank Castorf ne recule pas devant l’esthétique de l’absurde et du grotesque suggérée par la partition de Janáček, et souligne sans détour l’horreur de l’univers décrit par cet opéra. A la tête du Bayerisches Staatsorchester (l’un des meilleurs orchestres au monde), la cheffe Simone Young rend justice aux contrastes et au lyrisme entêtant de Janáček.