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Anne-Sophie Turion

La Visite du palais

performance

avec Jeanne Moynot et Manuela Gourary et les témoignages de Jean D., Arlette Lebigre, Catherine Lebigre, Jean-Claude Turion, Liliane Turion, Xavier Turion

La méthode des « palais de mémoire » est un procédé mnémotechnique datant de l’Antiquité. Elle était alors très utilisée par les orateurs pour retenir leurs discours. Tout d’abord, on choisit en pensée un édifice connu et solidement ancré dans la mémoire (par exemple un lieu où l’on a vécu). On parcourt mentalement cet espace, plusieurs fois, en examinant avec soin tout ce qui s’ y trouve afin de constituer une série de « points d’arrêt » : le tableau accroché dans le salon, la troisième marche de l’escalier...

 

On découpe le discours que l’on veut retenir en associant à chacune de ses parties une image mémorable, frappante. Les traités fondateurs insistent sur la nécessité de donner à ces images un caractère inhabituel, voire anormal, comique ou ridicule, qui constituera une aide puissante à la mémorisation. Chaque image (objet, symbole, personnage, ou scène) devra être liée à la notion dont on veut se rappeler « autant qu’un visage familier appelle un prénom ». [Cicéron, in De oratore, 55 av. J.-C.]

 

Ces images sont ensuite placées en imagination dans les différents points qui ont été mémorisés dans le bâtiment. Au moment de prendre la parole, il suffira alors de parcourir mentalement cette série de lieux, dans l’ordre habituel, en leur demandant ce qu’on leur a confié : la vision des scènes étranges qui s’y déroulent ou des objets qui la peuplent ressuscitera le souvenir des mots que l’on y a codés.

 

Si l’on applique avec rigueur ces principe de construction, aussi nombreux que puissent être les détails qu’il faut se rappeler, ils seront alors tous liés les uns aux autres. En traversant telle pièce, on passe forcément devant telle image déposée. Et, au cas où on ne la voit pas, celle située dans la pièce suivante nous rappellera celle que l’on vient de manquer. Car, comme le dit Cicéron, ici « l’ordre des lieux conserve l’ordre des choses ». 

 

Le palais de mémoire sera pris ici comme un lieu de fabrication du récit, où l’on peut entrevoir la structure interne et intime de la parole, entendre les différentes voix qui l’habitent, les strates d’écriture qui la constituent. Quelle pourrait être l’image de l’oubli ? Un palais de mémoire dont certaines portes ne s’ouvrent plus ? Une phrase que l’on n’arrive pas à terminer ? Un récit dont la fin nous échappe ?

 

 

Avec le soutien de la Mairie de Paris Département de l’Art dans la Ville et en partenariat avec Fundación Luis Seoane, La Coruña et Mugatxoan, San Sebastián.

     

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