Quand, à l’orée des années 90, l’américain Scott Mc Cloud – auteur de comics au triomphe encore modeste – publie son premier essai théorique sur la bande dessinée, il lui faut un solide sens de la formule et le goût de la provocation pour l’intituler L’art invisible*.
Dans cet ouvrage au succès retentissant, il décortique avec beaucoup de pédagogie et un enthousiasme communicatif les mécanismes du récit propre au neuvième art. Il nous fait ainsi comprendre que la force et la magie de la bande dessinée s’expriment d’abord entre les lignes et les cases, dans un dialogue sensible reliant l’imaginaire de l’auteur et celui du lecteur.
Remettant sur le métier son ouvrage, Scott Mc Cloud publie en 2000 un nouvel essai au programme ambitieux : Réinventer la bande dessinée**. Avec talent et clairvoyance, il imagine alors les bouleversements et les innovations qui vont traverser le neuvième art : renouveau éditorial, émergence d’une nouvelle génération d’auteurs, reconnaissance de leur statut, parité et diversité, croisements interdisciplinaires, développement numérique…
Près de deux décennies plus tard, la 4e édition du PULP Festival rend, à sa manière, hommage à la clairvoyance de Scott Mc Cloud. En mettant à l’honneur des auteur(e)s protéiformes, en mariant la bande dessinée aux arts de la scène et de l’image, en affirmant sa pertinence à aborder des sujets politiques et sociétaux, PULP Festival explore de nouveaux territoires plastiques et narratifs et propose aux lecteurs, devenant spectateurs, d’autres modalités et d’autres temporalités pour appréhender le récit dessiné.
Une manière fertile et joyeuse de mettre en pleine lumière des processus créatifs riches et accessibles, complexes et excitants et de célébrer la bande dessinée comme un art majeur, populaire et généreux.
*L’art invisible / Understanding comics : the invisible art (Delcourt, 1993)
** Réinventer la bande dessinée / Reinventing comics (Delcourt, 2000)