Méduses

Un dispositif vidéo marque le mouvement. Les danseurs, enduits d'une peinture qui se révèle à l'éclairage, tracent et dessinent. D'étranges créatures hantent l'espace obscur. Fugitives tentaculaires aux formes primitives, elles semblent engendrées par les hommes en mouvement sur le plateau. Ils sont trois et ne font qu'un. Leur danse est duplication d'un même corps et les méduses, hippocampes et fractales sont les projections mentales de leur seul et même être primitif. Sont-ils créateurs de ces architectures originelles ? Ou ces structures archaïques résident-elles en chacun, comme guide d'une gestuelle intuitive ?

Pour mener le cheminement vers l'essence, Vincent Glowinski, graffeur Bonom dans une autre vie, repéré et conseillé par le chorégraphe Wim Vandekeybus, imagine avec le programmeur d'images Jean-François Roversi un procédé à la fois artisanal et numérique. Human Brush est un dispositif vidéo qui marque le mouvement, capté depuis une caméra placée l'aplomb de la scène. Les images superposées et projetées en temps réel sur un écran en fond de scène sont ainsi figures éphémères, empreintes d'un rêve que le corps tente de saisir bout de bras avant leur disparition.

Dans une chorégraphie vue comme métaphore d'un éveil de l'âme et du corps, les trois émanations d'une même racine, s'étirent, s'étiolent, s'arrachent pour être, se dédoublent et redoublent pour exister et combattre les fantômes. Le corps en mouvement génère des formes idéales, donne naissance à des cercles, spirales ou hélices puisant la source d'une géométrie sacrée, d'une juste proportion... Dévoilant un principe invisible, universel et sidérant.